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Association forestière de la vallée de Villé
8 novembre 2021

Vallée de la Bruche

Les élus au chevet de la forêt

Sécheresse, tempêtes, scolytes, dérégulation du marché : la forêt et les communes qui l’accueillent souffrent. Dans la vallée de la Bruche, la com’com et la Collectivité européenne d’Alsace font cause commune pour apporter une aide et établir une stratégie.

bruche

Dans la vallée de la Bruche, la forêt est partout ; elle occupe 80 % du territoire. 42 % appartiennent aux communes, 36 % à L’Etat et 22 % aux privés. Elle est au cœur de trois grandes problématiques : le maintien et l’amélioration de la biodiversité, l’économie (ressource, transformation, tourisme) et les enjeux sociétaux (lieu de ressourcement, diversité des pratiques…) Un sujet vaste évoqué la semaine passée à La Broque avec les élus lors de la visite du président de la CEA Frédéric Bierry et de son binôme Monique Houlné dans le cadre d’une journée consacrée au canton de Mutzig.

Des communes qui souffrent

« Autrefois quand on voulait refaire son église ou une route il suffisait de vendre un peu de bois », glisse Laurent Bertrand, le maire de Schirmeck. Mais aujourd’hui les communes peinent à équilibrer leur budget « forêt », « et dans le sud de la France on trouve déjà des communes pour qui la forêt n’est plus une ressource financière mais une charge », note Pierre Grandadam, président des communes forestières d’Alsace. Face aux dégâts des sécheresses, des tempêtes, des attaques de scolytes, les communes ont dû se contraindre à des coupes rases d’arbres qui ne connaîtront jamais l’âge adulte, s’amputant ainsi de futures sources de revenus « nous avons été contraints de couper le blé en herbe », résume Pierre Grandadam.

Même si aujourd’hui le prix du bois remonte un peu sous l’effet des tensions du marché (liées à la reprise et aux achats massifs américains et chinois) les communes font face à l’obligation de replanter sans en avoir forcément les moyens. Le plan de relance de l’Etat a montré en la matière ses limites, raison pour laquelle la CEA dont ce n’est pas une compétence directe a lancé le dispositif « forêts d’avenir d’Alsace ». « Nous sommes les seuls à faire ça, car l’arbre est essentiel ici comme en zone urbaine », note Frédéric Bierry.

Le plan « forêt d’avenir d’Alsace »

Ce dispositif agit sur plusieurs leviers en lien avec les compétences de la CEA. Cela va de l’aménagement des routes d’accès, au soutien des vergers ruraux en passant par la création d’îlots de fraîcheur en ville, la protection des espaces via les brigades vertes, l’agroforesterie de plaine et de montagne, la valorisation du gibier (avec quatre tonnes de sanglier fournies aux cuisines des ehpad et des collèges), le soutien à la commande publique de bois (pour la construction des bâtiments publics, l’isolation, le bois énergie…) et le soutien à la replantation de forêts…

La stratégie de la Vallée de la Bruche

De son côté la communauté des communes de la vallée de la Bruche a engagé voici cinq ans une vaste réflexion sur sa relation à la forêt autour de trois axes : la gestion durable de la forêt, le soutien çà la filière (qui laisse comme la CEA une large place à la commande publique) et la préservation de la biodiversité. Cette stratégie pour la filière bois se double d’un travail sur la forêt partagée et prendra un tour « grand public » avec l’opération Printemps de la forêt programmé en mai prochain. Sur le terrain, le renforcement du recours au bois est déjà une réalité comme le travail de soutien à la replantation, la constitution de parcelles plus grandes… « Le territoire prépare ainsi sa stratégie pour les cinq prochaines années avec un programme qui sera présenté en décembre prochain », explique Jean-Bernard Pannekoecke, le président de la CCVB qui souhaite renforcer la collaboration avec la CEA sur plusieurs de ces objectifs. Pour nous, confirme Frédéric Bierry « il s’agit de faire de la vallée de la Bruche un pôle d’innovation de la filière bois ».

La replantation : un objectif commun

Exemple de cette collaboration naissante, la CEA vient ? à travers son plan forêts d’avenir d’Alsace, en soutien aux communes engagées dans des replantations de forêts. La CEA peut financer jusqu’à 80 % de ces opérations (avec un plafond fixé à 30 000 euros). Pour l’instant deux communes de la vallée de la Bruche, Russ et Saulxures ont engagé la démarche, pour un montant de subvention de 20 000 euros. D’autres vont suivre, ici et dans toute l’Alsace.

Toute la difficulté de la démarche consiste en la qualité et la finesse du choix des espèces et de leur mélange. « La meilleure des solutions est la régénération naturelle », souligne ainsi Pierre Grandadam, c’est-à-dire laisser faire la nature, mais parfois dans certaines parcelles « vous pouvez attendre trente ans, il ne se passera rien, et il faut bien replanter si l’on veut avoir une forêt à transmettre ». Aussi tout le travail engagé aujourd’hui dans les forêts consiste à repeupler avec les espèces endémiques capables de résister aux changements climatiques et de compléter avec quelques espèces plus exotiques mais susceptibles de bien s’acclimater au regard des préconisations de l’étude Climessence (qui permet d’affiner le choix en fonction de la nature du sol, de la pluviométrie, de l’orientation, du couvert…). En la matière, il s’agit d’éviter au maximum de jouer à l’apprenti sorcier car implanter un arbre c’est toujours générer autour de lui un biotope spécifique qui va interagir avec les autres espèces. (article paru dans les DNA - édition de Schirmeck - auteur : Hervé Miclo).

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